mardi 26 mars 2013

Utopies économiques

Appel de contributions

Utopies économiques

Numéro 72 (automne 2014)

Date limite : 1er septembre 2013

Ce numéro propose d'analyser comment l'entreprise, en tant qu'organisation productrice de biens et de services, est parfois conçue comme lieu d'expression et de promotion de valeurs politiques, d'engagement individuel et de mobilisation collective. À rebours d'une vision qui ne considérerait l'entreprise que comme une chambre d'enregistrement des rapports socio-politiques qui traversent la société, il s'agit de l'envisager comme une potentielle « utopie économique ». L'« utopie », littéralement « non-lieu », renvoie aux représentations qui transgressent l'ordre social établi et elle vise à le dépasser. Parler d'« utopies économiques », c'est donc s'intéresser aux pratiques qui ne se conforment pas à l'ordre économique dominant, voire qui entendent le subvertir de manière plus ou moins radicale. Si ces pratiques ne constituent pas un ensemble suffisamment homogène pour incarner une alternative à l'hégémonie du système économique conventionnel, leur existence invite néanmoins à nuancer le diagnostic d'une « fin de l'histoire » tel que pouvait le formuler Francis Fukuyama dans un article resté célèbre publié à l'aube des années 1990 au moment de l'effondrement du régime soviétique . Cependant, le terme d'« utopies économiques » n'a pas d'intérêt heuristique s'il conduit à hypostasier la mise à l'épreuve de l'idéal. Au contraire, il s'agit de restituer la fabrique des compromis individuels, collectifs et institutionnels qui résultent des incessantes tensions entre des injonctions contradictoires et des antagonismes de valeurs. Afin de saisir cette dynamique, on privilégiera l'articulation entre éclairages théoriques et étude de cas concrets, notamment avec des comparaisons internationales. Nous questionnerons les utopies économiques sous l'angle de leurs frontières, à travers trois dimensions : les frontières sémantiques et pratiques, les frontières de la politisation, et enfin les frontières entre travail et engagement.

  • Frontières sémantiques et pratiques

Le premier axe proposé invite à un éclaircissement des frontières sémantiques et pratiques au sein des utopies économiques, et à une attention aux jeux de distinction, de rapprochement ou de transfert. En effet, on constate aujourd'hui une profusion de courants et de désignations : économie sociale, économie solidaire, entrepreneuriat social, responsabilité sociale et environnementale des entreprises… Au-delà des querelles de définition, quelles pratiques socioéconomiques, quels types de réseaux militants et entrepreneuriaux, quelles formes d'organisation internes ces approches recouvrent-elles ? Quels rapprochements et quelles oppositions irréductibles entre les usines modèles de ceux qu'on désigne parfois comme les « socialistes utopiques » (Saint-Simon, Owen, Cabet, Fourier) du XIXe siècle et les plaidoyers actuels de l'influent manager de la Harvard Business School, Michael Porter, pour la création d'une « valeur partagée » ? Comment les tenants de l'économie sociale et solidaire plus proches des mouvements sociaux perçoivent-ils l'émergence de l'entrepreneuriat social, promu au sein des écoles de gestion ou de cercles patronaux plus proches du Forum économique de Davos que de l'altermondialisme ? Comment saisir la circulation internationale des références et des modèles, à l'image de la célèbre Grameen Bank du Prix Nobel Mohammad Yunus ?

  • Les frontières de la politisation

Le second axe proposé suggère d'analyser les frontières de la politisation de ces utopies économiques. On considère ici deux aspects de la politisation : d'une part, les relations avec les pouvoirs politiques institués et, d'autre part, le processus de montée en généralité et de prise de position au sein d'un débat. Le premier aspect permet de dépasser les découpages peu féconds entre public/privé et politique/économique pour s'interroger sur les articulations entre injonctions publiques et initiatives privées dans les expériences étudiées. Quels dispositifs législatifs, institutionnels et fiscaux ? Quelle intégration au sein de politiques publiques ? Quel rôle pour un ministre délégué chargé de l'Économie sociale et solidaire en France ? Le second aspect de la politisation évoqué éclaire le degré d'explicitation des ambitions politiques des expériences économiques. Dans quelle mesure les pratiques entrepreneuriales étudiées sont-elles articulées à un discours plus général sur la société, sur les inégalités ou les discriminations ? Comment comprendre par exemple le succès du discours sur la diversité au sein des grandes entreprises durant la dernière décennie ? Dans quelle mesure certaines dimensions de la démarche entrepreneuriale peuvent-elles être considérées tour à tour comme techniques ou politiques (ressources humaines, comptabilité, relations avec les parties prenantes…) ?

  • Les frontières entre engagement et travail

Le troisième axe explore les frontières entre engagement et travail. Ces frontières traversent la plupart des collectifs, que ce soit au sein des entreprises privées ou des associations, mais aussi des dispositifs présentés à la fois comme une offre d'engagement et comme un emploi, tels que le « service civique » ou les « emplois d'avenir » appuyés par le gouvernement en France. Dans les formes d'entrepreneuriat collectif et engagé, comment saisir l'entrelacement des rapports hiérarchiques, du « nous militant », des instruments d'évaluation et de rationalisation des activités, des formes de mobilisation, de bénévolat et de rémunération, de dévouement et d'intéressement ? La syndicalisation en milieu associatif rend bien compte de cette complexité, entre revendication d'un « vrai » travail (avec les protections afférentes), volonté de ne pas devenir « une entreprise comme une autre » et trouble dans l'harmonie supposée du collectif associatif. Dans quelle mesure le dépassement des formes conventionnelles du travail en entreprise, à travers l'autogestion ou l'autoentrepreneuriat par exemple, résout ou redouble ces difficultés au sein des utopies économiques ?

Des déclarations d'intention (une page) de la part des personnes qui souhaitent contribuer à ce numéro doivent être envoyées avant le 1er septembre 2013.

Si votre proposition est acceptée, votre manuscrit complet devra être envoyé au plus tard le 15 décembre 2013.

Veuillez envoyer votre déclaration d'intention aux responsables de ce numéro :

Sylvain Lefèvre, Professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale (ESG-UQAM) Chercheur à la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable lefevre.sylvain@uqam.ca

Matthieu Hély, Maître de conférences en sociologie à l'Université Paris X-Nanterre Chercheur au laboratoire Institutions et Dynamiques Historiques de l'Economie (UMR CNRS 8533)matthieu.hely@u-paris10.fr




Fwd: Le Cambodge et la France racontés par leurs enfants, c'est mardi !




Vous êtes attendus
 au vernissage de l'exposition AN EYE FOR AN EYE (AEFAE) FRANCE / CAMBODGE mardi 26 mars 2013 à partir de 18h30 à LA MAISON DES ASSOCIATIONS DES SOLIDARITÉS (LA MAS), 10/18 rue des terres au curé, Paris 13e.
 
Fin 2012, vingt-trois enfants français et cambodgiens ont appris la photographie comme moyen de communication afin de se raconter leur vie en images. Cette exposition présente les photographies qu'ils ont réalisées et légendées à l'issue des ateliers organisés par l'association AEFAE.
Ces premiers échanges initient une correspondance mensuelle et pérenne entre les deux groupes.
 
Le 26 mars, les enfants photographes du groupe français EGDO (Les Enfants de la Goutte d'Or) seront présents au début de la soirée pour présenter leur travail et répondre à vos questions. Au programme, un reportage sera projeté et l'équipe AEFAE vous accueillera autour d'un cocktail.

 
Dorothée ADAM
AN EYE FOR AN EYE
+33 (0) 6 43 34 83 06

 

Fwd: Club de Budapest - sfen.org - Avis de l’Académie des sciences sur la filière nucléaire française

Bonjour,

Pour votre information

Amitiés

André
  

http://www.sfen.org/Avis-de-l-Academie-des-sciences

Avis de l'Académie des sciences sur la filière nucléaire française

Dans sa séance du 10 janvier 2012, l'Académie des sciences a fait le point sur le défi nucléaire qui se pose à notre pays dix mois après l'accident majeur de Fukushima. Quels enseignements en tirer pour l'avenir de la filière nucléaire française, quelles solutions apporter aux problèmes des déchets, quels impacts sur la santé, quelle incidence économique des différents choix stratégiques, autant de questions d'actualité qui ont bénéficié du travail effectué à l'Académie depuis mars 2011 dans le cadre de l'action « Solidarité Japon » dont le rapport d'ensemble sera publié en février 2012.

L'énergie nucléaire est actuellement une composante essentielle des ressources énergétiques françaises et le restera longtemps en raison d'avantages reconnus. Les centrales nucléaires sont aujourd'hui le seul moyen de produire en base de l'électricité concentrée, permanente et sans émission de gaz à effet de serre. L'absence d'accident grave en France sur plus de 30 ans d'expérience, pour un parc de 58 réacteurs, soit 1700 années réacteurs cumulées, démontre l'intérêt de cette ressource énergétique, au prix de certaines règles dont la filière française a bénéficié : cohérence du parc nucléaire utilisant des réacteurs de même type, opérateurs bien identifiés, personnels compétents, inspections régulières et obligatoires des équipements par une autorité indépendante (ASN), recherche intégrée en matière de sûreté (IRSN). Enfin, quatre décennies d'expérience ont montré que l'impact sanitaire du nucléaire est bien moindre que celui d'autres sources principales d'énergie, le charbon en particulier.

Les leçons tirées de plusieurs accidents nucléaires majeurs, dont Fukushima, ont permis de reconsidérer les risques à prendre en compte afin d'être mieux préparés à affronter une situation de crise.
 

1. Sur le plan technique et opérationnel, l'Académie :

‐ rappelle l'importance du respect des normes parasismiques et celle de la protection contre tout événement extrême d'origine naturelle ou malveillante, lors de la conception, la construction ou la révision de tout ouvrage nucléaire ;

‐ recommande aux pouvoirs publics de faire exécuter les mesures préconisées le 3 janvier 2012 par l'Autorité de Sûreté Nucléaire ;

‐ souligne l'intérêt de la mise en place, proposée par EDF, de moyens matériels complémentaires de secours robustes, fortement sécurisés, et d'une force mobile d'action rapide ;

‐ recommande qu'une impulsion soit donnée aux projets de regroupement du retraitement et de la fabrication du combustible au plutonium pour réduire autant que possible les transports de matières sensibles ;

‐ souligne que l'industrie nucléaire est une succession de phases d'évolution et de ruptures technologiques. Dans le monde entier, des décennies de fonctionnement ont démontré que des progrès se font constamment en matière d'efficacité et de sécurité. Ainsi les réacteurs de troisième génération, en construction actuellement, présentent‐ils des caractéristiques améliorées de résistance aux accidents et agressions diverses.

Par ailleurs, il convient de soutenir, sans a priori, les études actuelles sur les réacteurs de dimensions réduites et d'une manière générale sur toute contribution nouvelle, filière au thorium par exemple. Pour le plus long terme, l'Académie souligne l'importance des recherches sur les réacteurs de quatrième génération qui permettraient de garantir une ressource en matières fissiles pour des milliers d'années grâce à l'utilisation de l'uranium 238 comme source énergétique.

C'est donc un enjeu considérable qui justifie le renforcement des recherches, en particulier pour ce qui concerne la sûreté et la minimisation des déchets produits.

‐ souligne que la gestion des déchets radioactifs bénéficie de nombreuses recherches, à l'Andra et au CEA entre autres ; celles‐ci doivent être renforcées pour tout ce qui concerne le confinement, l'entreposage et le stockage des déchets, mais aussi la gestion des isotopes du plutonium, la transmutation, la minimisation des transuraniens, l'entreposage des combustibles usés et le démantèlement des installations nucléaires.

‐ demande que l'importante question de la réhabilitation de sols contaminés fasse l'objet de recherches coordonnées, tirant les enseignements des études et actions entreprises à la suite de l'accident de Fukushima.
 

2. Sur les recherches nécessaires, l'Académie :

‐ souligne qu'il est urgent d'accélérer les recherches sur les centrales du futur, en ayant à l'esprit trois critères essentiels : sécurité des centrales, réserves naturelles en uranium et minimisation des déchets à vie longue — la France, par son histoire, ses compétences scientifiques et techniques, son expérience en matière de sûreté, et ses valeurs humaines est une référence internationale, à même de continuer à jouer un rôle important dans ces recherches ;

‐ insiste pour que les fonctions et structures de recherche sur le nucléaire, actuellement concentrées pour l'essentiel dans les grands organismes (CEA, IN2P3, IRSN) et les grandes industries (Areva, EDF), soient étendues aux universités et aux grandes écoles d'ingénieurs afin que celles‐ci soient mieux impliquées dans ce domaine d'un grand intérêt économique et social ;

‐ recommande que soient accentuées vigoureusement les recherches et innovations sur les énergies alternatives économiquement compétitives, qui doivent se faire en intégrant les effets induits sur l'environnement ;

‐ recommande que soient prises des mesures incitatives pour une meilleure gestion des ressources énergétiques à l'échelon individuel et collectif.

3. Sur le plan humain, l'Académie :

constate une demande croissante d'information de la part de la population ainsi qu'un besoin de hiérarchisation et de meilleure rationalisation des risques de façon à mieux les gérer.

Elle fait à cet égard les recommandations suivantes :

‐ améliorer préventivement l'information et la communication sur les accidents et incidents naturels ou industriels ;

‐ développer une épidémiologie d'accidents graves, mobilisable en cas de désastre environnemental, naturel ou technologique, et dotée d'un plateau technique permettant une observation en temps réel et un suivi exhaustif à long terme de la population ;

‐ modéliser des scénarios de réponse aux accidents des différents échelons du système de soins, pour évaluer leur efficacité.

‐ accroître, dans les universités, l'enseignement et la recherche consacrés au nucléaire, à l'épidémiologie et à la prise en charge des accidents ;

‐ développer la recherche sur la perception des risques, de leurs déterminants et de leur impact sur les comportements individuels et collectifs.

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Synthèse établie par A. Carpentier, Président de l'Académie des sciences intégrant les contributions de Cl. Allègre, J. F. Bach, R. Balian, C. Bréchignac, E. Brézin, S. Candel, C. Césarsky, R. Dautray, J. C. Duplessy, R. Guillaumont, J. P. Kahane, D. Kaplan, G. Laval, X. Le Pichon, G. de Marsily, B. Meunier, Ph. Nozières, Ph. Taquet, B. Tissot, A. J. Valleron, Membres de l'Académie des sciences.