mardi 14 juin 2011

à l'entrepôt


Juin-Juillet 2011:
à l'entrepôt

Exposition Mayaura, Concerts classiques,
Festival Noches Pichantes et Festival l'île aux films


Jusqu'au jeudi 7 juillet Mayaura - Exposition Huiles sur bois 
Mayaura Malvy-Mills est née en 1954 à Hirson en France. De 1975 à 1980, elle étudie avec Henri Goetz et aux Beaux-arts de Paris. En 1981, elle s'installe en Inde du sud à Auroville ( cité utopique internationale). Depuis 2004, elle vit et travaille à Paris. Elle expose dans le monde entier, notamment en Inde, en Europe et aux Etats-Unis.

Jeudi 16 juin à 19h30 : Duo Perspectiva de l'espagne à l'amérique latine
Par la Cie Sidérurgie Esthétique. Un duo dans lequel la voix et la guitare se cotoient à parts égales. Une formation qui a pour passion de faire découvrir les musiques classiques et populaires de l'Espagne et des pays d'Amérique latine. Nathalie Milon au chant, Simon Gonzalez à la guitare.
Entrée: 10€ / réduit: 7€

Jeudi 23 juin à 19h30 : "Sguardi Incrociati" duo de guitares
Depuis de nombreux siècles, la France et l'Italie ont entretenu des relations privilégiées, notamment au niveau culturel. C'est par le biais du répertoire pour guitare que le duo Émilie Pélissier et Fabienne Bouvet a choisi d'illustrer ces relations francoitaliennes particulières, de la Renaissance à nos jours.
Entrée: 10€ / réduit: 7€

Mercredi 29 juin à 19h30 : Récital de piano
Par Julien Faure.
CHOPIN  (2ème Sonate en si bémol mineur op.35, 4ème Ballade en fa mineur op.52)
LISZT (Nuages gris, La notte, Méphisto-Valse).
Location sur fnac.com, carrefour.com, francebillet.com

Entrée: 10€ / réduit: 8€

Mardi 21 juin : Fête de la musique avec le meilleur des scénes ouvertes

Festival "Noches Picantes" tout l'été : 
L'entrepôt lance la première édition d'un  festival dédié aux Musiques Latines
Salsa, Afro Latin Jazz, Bossa, Son Cubano Boléro, Cumbia, Cha cha, ReggaeSon ...
Une série de concerts pour un voyage au cœur des Rythmes Latins en compagnie des formations parmi les plus talentueuses de la scène Parisienne.
Retrouvez l'ambiance folle des clubs sud américains en plein Paris,
dînez à l'ombre des érables dans la brise fraîche du jardin de l'entrepôt, sirotez des cocktails à 6€,
trémoussez vous sur des rythmes endiablés ou laissez vous bercer le temps d'une Bossa...
 
Festival "l'île aux films" du 13 au 19 juillet : spécial jeune public
un rendez vous avec des projections, des animations , des ateliers, des rencontres et des surprises

L'entrepôt, lieu des cultures
7-9 rue Francis de Pressensé
75014 PARIS
Tel : 01.45.40.07.60

 

Fwd: Sortir du nucléaire signifie désindustrialisation et dépopulation mondiale - Infos - solidariteprogres.org -SFEN VdL




http://www.solidariteetprogres.org/Sortir-du-nucleaire-signifie-desindustrialisation-et-depopulation-mondiale_07801

Sortir du nucléaire signifie désindustrialisation et dépopulation mondiale

10 juin 2011 - 11:18
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Par Helga Zepp-LaRouche,
Présidente de notre parti frère en Allemagne, le Mouvement des droits civiques-Solidarité (Büso)

(Publié le 4 juin — Version originale ici)


Comme saisis par une folie collective, le gouvernement d'Angela Merkel et la plupart des partis politiques allemands se précipitent vers leur propre mort et celle de l'Allemagne en tant que nation industrielle. Le consensus en faveur de l'abandon du nucléaire reflète un instinct de conservation à peu près aussi développé que celui dont font preuve les fameux moutons de Panurge en se jetant tous dans la mer, dans le célèbre conte de Rabelais. Car l'abandon de l'énergie nucléaire, alors que nous sommes dans la phase terminale de l'effondrement du système financier international, mènera à court terme à la désindustrialisation de l'Allemagne et à la désintégration du tissu social. Dans un monde où la faim et la misère sont en pleine expansion, le démantèlement des capacités industrielles allemandes se traduira tout simplement par un génocide.

Même les experts en énergie semblent avoir quelques difficultés psychologiques à envisager le coût de cette aventure, tandis que la population, abasourdie par le constant matraquage des médias, en vient à refouler collectivement la perspective de la chute du niveau de vie qu'impliqueraient ces mesures. Et bien que les gestionnaires de réseau prévoient déjà une menace réelle pour l'approvisionnement en électricité en période de grand froid, et que le Bureau d'évaluation technique du Parlement allemand craint, en cas d'importante coupure de courant, des conséquences comparables à une « catastrophe nationale » , pouvant aboutir à interrompre en quelques heures l'approvisionnement de la population, l'attitude reste : « Fonçons tête baissée ! »

Viennent d'abord les coûts directs, sous forme de lourds investissements dans la construction de parcs éoliens offshore et autres, de réseaux électriques transfrontaliers, nouvelles centrales à charbon et au gaz, centrales géothermiques, centrales de stockage par pompage hydraulique, etc., qui feront monter les prix à la consommation. A cela, il faut ajouter les coûts indirects découlant de l'augmentation des coûts de production.

On parle d'environ 200 milliards d'euros de coûts supplémentaires pour reconvertir les sites d'ici 2020 et d'une augmentation de 40 à 80 euros par ménage et par an. On prétend qu'il y aura des « gagnants », à savoir les artisans, les filières de l'énergie solaire et éolienne, etc., et des « perdants », les industries à forte intensité énergétiques comme l'aluminium, l'acier, le papier, etc. Mais les prétendus coûts, calculés en termes monétaristes, c'est-à-dire en euros, ne permettent en rien de comprendre l'ampleur du problème.

Qu'est-il advenu des avertissements du commissaire à l'énergie de l'UE, Günther Oettinger, qui avait déjà critiqué le gouvernement allemand le 27 février dernier – soit moins de deux semaines avant Fukushima – pour la cherté de l'électricité. Cela mène, dit-il, à une « désindustrialisation insidieuse » , dans la mesure où les entreprises délocaliseront leur production à l'étranger, non plus pour cause de salaires, mais de coût de l'électricité importée. Sur quelle base au juste le gouvernement se dit-il confiant que les groupes énergétiques voudront encore investir en Allemagne, après avoir été pénalisés sur le plan financier par l'abandon du nucléaire ? Cette désindustrialisation insidieuse risque de devenir fulgurante.

Du point de vue de l'économie physique, les coûts réels ne se calculent pas seulement en euros et en entreprises délocalisées, mais bien plus en termes de chute de la productivité globale, étant donné que la densité de flux énergétique des énergies renouvelables est inférieure de plusieurs ordres de grandeur à celle du nucléaire. Cette chute entraînera à son tour celle de toutes les valeurs de l'ensemble de ce système complexe, et nous en arriverons alors effectivement à la « grande transformation » prônée par le WBGU de Hans-Joachim Schellnhuber, c'est-à-dire la désindustrialisation de l'Allemagne qu'il appelle explicitement de ses vœux.

La culture « cleptocratique » des élites

Dans le contexte de la crise financière, Wolfgang Hetzer, qui dirige le Centre des renseignements, évaluations et analyses stratégiques du Bureau européen de lutte anti-fraude (OLAF), a accordé une interview forte intéressante à Die Welt le 1er juin à Bruxelles, où il accuse les responsables de la crise d'être une mafia financière dont les seules motivations sont la cupidité, les privilèges et l'enrichissement personnel. Tout aussi responsables de la crise, cependant, sont leurs « complices dans le monde politique » qui ont abandonné la rédaction de lois censées réguler la finance aux juristes de l'industrie financière (entre autres, ajouterais-je, l'ex ministre Karl-Theodor Guttenberg, les cabinets Linklaters et Freshfield, etc.). A travers ces lois, comme l'a reconnu Norbert Blüm, l'Etat s'est fait « le complice de l'activité des flambeurs » .

Il est indéniable, comme le dit Hetzer, que les politiques se sont laissé mener par le bout du nez par le monde financier, qui voit dans la ruée vers les énergies renouvelables et la vente de ces « nouvelles indulgences » que sont les droits d'émission de CO2, la perspective d'une nouvelle bulle fort lucrative.

Que les hedge funds et les banques d'affaires, avec les fabricants d'éoliennes et de panneaux solaires, les revendeurs de droits d'émissions de dioxyde de carbone et les experts de la contreculture écologique soient les bénéficiaires de cette nouvelle « orgie d'enrichissement », est tout à fait révélateur. Il suffit de jeter un coup d'œil à la liste des partenaires de financement de la Fondation européenne pour le climat (ECF) du Pr Schellnhuber pour voir dans quel sens souffle le vent. Et comme d'habitude, les « complices politiques » sont sur la scène.

Nous savons aujourd'hui que la théorie du changement climatique provoqué par l'homme et les thèses des prétendues limites à la croissance sont des inventions de cette oligarchie financière. Le climat terrestre n'est pas déterminé par les émissions négligeables de CO2 produites par l'homme, mais par les longs cycles de notre galaxie et leur impact sur notre système solaire, à l'origine de l'augmentation de l'activité sismique, volcanique et météorologique que nous connaissons aujourd'hui. Or, du fait que les investissements dans la recherche ou dans les satellites de surveillance et d'observation ne sont pas porteurs financièrement, l'Union européenne a, comme l'administration Obama, amputé ces secteurs d'activité.

Au regard de cette véritable menace qui ira croissant dans les années à venir, la « grande transformation » de Schellnhuber, fondement de la politique de sortie du nucléaire adoptée par le gouvernement allemand, est la voie garantie pour le suicide de l'espèce humaine, car elle va mener nos capacités industrielles et scientifiques dans une impasse idéologique, alors qu'il faudrait les mobiliser de toute urgence en vue de mieux comprendre les principes scientifiques à l'œuvre dans notre univers. Le désarroi politique et la désorientation des hôpitaux privés face à la bactérie e. coli, qui a causé, en quelques jours, « plus de malades et de morts en Allemagne que l'énergie nucléaire en soixante ans » , comme l'écrit le Frankfürter Allgemeine Zeitung , illustrent combien ces aberrations peuvent être fatales. La santé est certainement le secteur qui ne doit, sous aucun prétexte, être privatisé ni soumis à des motivations pécuniaires. Malheureusement, il s'agit là d'un des aspects de la dérive tolérée par ce que Hetzer appelle « la culture des élites cleptocratiques » de ces quarante dernières années.

Les pays étrangers n'ont pas été dissuadés

Heureusement, des pays comme la Russie, la Chine, l'Inde, la Corée du Sud, la France et d'autres ne se sont pas laissé intimider par la folie collective qui a saisi certains Allemands, et ont, au contraire, intensifié leurs recherches et investissements dans les hautes technologies et l'énergie nucléaire (notamment dans le réacteur à haute température et la fusion), les vols spatiaux habités et les systèmes d'alerte précoce aux éruptions volcaniques et aux tremblements de terre.

Le mot irréversible est bien placé pour devenir le « mot le plus laid de l'année 2011 » [*], car ni la sortie du nucléaire, ni l'Union monétaire européenne, ni la politique de renflouements, ni la globalisation ne sont irréversibles. Ce ne sont que différents aspects d'une politique oligarchique dont l'échec est patent, comme l'illustre la mobilisation de plus en plus importante de la jeunesse grecque, espagnole, portugaise, irlandaise, italienne et d'autres pays, qui se dresse contre cette politique qui leur a confisqué toute possibilité d'avenir. Aux Etats-Unis, le projet de loi H.R. 1489 de la représentante au Congrès Marcy Kaptur (démocrate de l'Ohio), visant à réintroduire les normes Glass-Steagall – un système bancaire dans la tradition de Franklin D. Roosevelt, où les métiers de banque d'affaires et ceux de banques de crédit et de dépôt sont catégoriquement séparés – draine un solide soutien dans les deux Chambres, sur une base non-partisane, ainsi que dans les syndicats, chez les entrepreneurs, les maires, les conseils municipaux, et même chez certains banquiers et membres de la Réserve fédérale. Si cette loi est adoptée – et elle le sera probablement très vite – le contrôle oligarchique du monde et le pouvoir des élites cleptocratiques seront brisés.



Fwd: SFEN VdL- Infos - ladepeche.fr - L'agriculture du XXIe siècle



http://www.ladepeche.fr/article/2011/06/14/1106094-l-agriculture-du-xxie-siecle.html


Publié le 14/06/2011 03:52 | Stéphane Bersauter

L'agriculture du XXIe siècle

cressonnières d'aquitaine à boé

François Viot sous les serres photovoltaïques de Boé près d'Agen. 80 % de son cresson est commercialisé sur les marchés de gré à gré et chez les grossistes./Photo Jean-Michel Mazet.
François Viot sous les serres photovoltaïques de Boé près d'Agen. 80 % de son cresson est commercialisé sur les marchés de gré à gré et chez les grossistes./Photo Jean-Michel Mazet.
François Viot sous les serres photovoltaïques de Boé près d'Agen. 80 % de son cresson est commercialisé sur les marchés de gré à gré et chez les grossistes./Photo Jean-Michel Mazet.

Est-ce l'entreprise agricole du XXIe siècle? Par ses choix en matière d'énergies renouvelables, de traitement de l'eau…, François Viot, à la tête des Cressonnières d'Aquitaine, fait figure d'avant-gardiste. Et pourtant, dit-il, «ce n'est pas futuriste, on a dix ans de retard sur ce qu'on devrait déjà avoir».

Depuis le milieu de semaine dernière, ces serres que l'on aperçoit en circulant sur la déviation d'Agen vers Layrac, sont désormais branchées sur le secteur. 6000 m2 de panneaux photovoltaïques, un partenariat avec Fonroche Énergies «nous permet de produire quatre fois plus d'énergie que nous en consommons. C'est un début, ce volet des énergies renouvelables va évoluer en technicité dans les prochaines années mais il fallait commencer par là. C'est un bon moyen d'installer les jeunes en agriculture. Avec le temps, cela va redevenir intéressant».

Analyses d'eau

Les efforts des Cressonnières ne s'arrêtent pas à l'utilisation du soleil pour l'alimentation électrique. Par définition, le cresson est gourmand en eau. Elle est prélevée dans la nappe phréatique, mais y retourne en circuit fermé. Moins de consommation donc. La qualité fait l'objet de vérifications biannuelles obligatoires, des analyses sur les résidus de pesticides de provenance extérieure sont faites tous les mois.

Les Viot peuvent dormir en paix. La lutte intégrée a rayé le mot insecticides du vocabulaire des Cressonnières, même cas de figure pour les fongicides et les herbicides. «On fait tout à la main, poursuit François Viot, mais on n'est pas bio au sens commun du terme. L'agriculture biologique s'est approprié l'image du sûr, du bon, du naturel. L'agriculture dite raisonnée peut aussi se l'approprier

[…] Des molécules de synthèse sont réputées moins toxiques que des molécules naturelles.»

Echantillothèque

Militant au sein de l'association des Échos du Min, François Viot a, depuis son arrivée au début des années 2000, su mettre en place un dépistage en amont de la commercialisation de ses deux millions de bottes actuels. Il appelle ça son échantillothèque, le principe est simple : pour chaque lot expédié, un échantillon est prélevé, identifié. «C'est relativement simple à gérer et c'est un moyen fiable de gérer d'éventuelles réclamations

[…] Les producteurs de concombres l'auraient eu lors de la crise des dernières semaines, le problème aurait été résolu plus vite.» Pour François Viot, il convient de généraliser ce type de mesures. «Sur ce type de crises de confiance, on est alors capable de se défendre.»Les Cressonnières sont certifiées Global Gap, un standard international pour la «bonne pratique agricole». Un passage obligé pour cette entreprise qui vend autant en France qu'en Angleterre. «Les Anglo-Saxons sont très attentifs à la provenance des produits et aux modes de production.»


Fwd: «S'accrocher au nucléaire, une erreur stratégique» - Infos - liberation.fr - SFEN VdL

Terre 13/06/2011 à 21h46

«S'accrocher au nucléaire, une erreur stratégique»

interview

L'ex-ministre de l'environnement Corinne Lepage dénonce la politique de la France.

http://www.liberation.fr/terre/01012343176-s-accrocher-au-nucleaire-une-erreur-strategique

Recueilli par Coralie Schaub

Corinne Lepage.

Corinne Lepage. (© AFP Mychele Daniau)

[Ceci est la version longue d'un article paru dans l'édition papier de Libération le 14 juin 2011.]

Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, députée européenne et avocate spécialisée dans les domaines de l'énergie et de l'environnement, vient de publier « La vérité sur le nucléaire », chez Albin Michel. Selon elle, le débat sur la sortie du nucléaire doit surtout être abordé sous un angle industriel, économique et social. Explications.

Vous dites que Fukushima et ses conséquences -l'abandon du nucléaire par l'Allemagne, la Suisse et désormais l'Italie-, représentent un « séisme » potentiel pour la France, que le nucléaire pourrait devenir un « handicap redoutable», un « naufrage économique et industriel»... Vous y allez très fort.

Pas tant que cela. Cela donne un gros coup de bambou à une industrie qui était déjà en difficulté. Regardez la situation financière d'Areva. Elle est catastrophique. Son coeur de métier, le retraitement des déchets nucléaires, se porte très mal : il n'y a plus aucun contrat ! Cette activité perdure uniquement parce que l'Etat impose à EDF de faire retraiter ses déchets à La Hague. La construction de réacteurs ne se porte pas mieux. En Finlande, le chantier de l'EPR a pris quatre ans de retard et devrait coûter 6 milliards d'euros au lieu des 3 milliards prévus. La vérité, c'est qu'Areva ne vend pas de centrales. Et les deux qui ont été vendues en Chine le sont dans le cadre d'une société commune dans laquelle Areva est minoritaire, avec les risques que l'on connaît en matière de transfert de technologie. Reste la fabrication du combustible. Areva s'attend à une baisse considérable des ventes de Mox, ce combustible qui a causé des problèmes à Fukushima. Quant aux mines d'uranium, elles sont soumises aux aléas géopolitiques et environnementaux. En témoigne la catastrophe de décembre 2010 au Niger, avec des centaines de milliers de litres de boues radioactives déversées dans l'environnement. Et comme c'est l'activité la plus rentable et qu'Areva est terriblement endettée et doit être introduite en bourse avant fin juin, l'Etat veut qu'Areva la vende, comme elle a déjà vendu son activité recherche et développement. Je me demande donc ce qu'il restera. Que va-t-on faire avec Areva qui fait vivre une région entière, le Cotentin? C'est un vrai problème industriel et social.

EDF se porte-t-il mieux ?

Il suffit de regarder son cours de bourse. Il plonge. Depuis novembre 2007, la valeur de l'action a été divisée par plus de trois. Et c'est antérieur à Fukushima. Bien sûr, l'activité d'EDF n'est pas menacée demain. Il y a 58 réacteurs en France. EDF continuera à travailler, même si quelques uns doivent être fermés comme Fessenheim -et ça urge!-. En revanche, sa situation financière est difficile. Les ventes d'EPR à l'étranger sont au point mort. Le seul pays avec lequel le groupe réalise encore des affaires est la Grande-Bretagne. EDF comptait beaucoup sur l'Italie, c'est fini. Et le PDG Henri Proglio a lui-même indiqué que le nucléaire n'était pas rentable aux Etats-Unis.

On entend pourtant que Fukushima serait un atout pour la France, dont les centrales sont les plus sûres...

Cela fait partie de l'agit' prop mais pas de la réalité économique. Je n'ai pas vu le carnet de commandes de l'EPR s'étoffer depuis trois mois. Et son caractère plus sûr est d'ailleurs contesté. Les autorités de sûreté finlandaises, britanniques et françaises ont émis de sérieuses réserves sur son système de pilotage. Je cite aussi dans mon livre une note interne d'EDF, qui pointe la vulnérabilité de sa conception. A tel point qu'après Fukushima, le président de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste a émis l'idée d'un moratoire sur la construction de l'EPR de Flamanville. Mais il s'est fait immédiatement recadrer, ce qui fait douter de la réelle indépendance de l'ASN.

Vous dites que la sécurité absolue du nucléaire est un « mythe ».

Le risque zéro n'existe pas. Dans le nucléaire non plus. J'ai été très frappée de ce qu'a dit Mr Repussard, le directeur général de l'IRSN (Institut de recherche et de sécurité nucléaire) en avril : il a évalué le risque de catastrophe nucléaire à une tous les 22 ans dans le monde. Cela fait quand même beaucoup. Or cela veut dire des morts, une pollution radioactive et des zones entières complètement coupées du monde pour des années. Ajoutez à cela que nous avons des centrales très vieillissantes, qu'il n'y a pas eu d'investissements depuis des années et qu'EDF recourt de plus en plus à la sous-traitance... Par rapport à leurs collègues d'EDF, ces hommes (les sous-traitants) ont le droit de recevoir le double de dose de radioactivité et n'ont absolument pas la même formation en matière de sécurité. J'ai eu plusieurs fois en direct des contacts avec les syndicats d'EDF qui m'appelaient au secours, paniqués par ce qu'ils voyaient. L'entretien laisse de plus en plus à désirer. Le plus grave à mes yeux, c'est que notre programme nucléaire, qui est pourtant l'un des plus structurants pour la société française, a été fondé sur l'idée qu'il n'y aurait jamais d'accident chez nous. Que c'était impensable. Parce que sinon, on ne l'aurait pas fait. Car un pays qui a une forte activité économique, agricole et touristique, ne peut pas se payer le luxe de prendre un risque pareil.

Autre chose : le nucléaire n'est rentable que parce qu'il n'y a quasiment pas d'assurance. Le plafond pour EDF aujourd'hui, c'est 91 millions d'euros par accident. Le plafond global, c'est 1,5 milliard de DTS. Ce n'est rien du tout ! La Suisse a évalué à 4000 milliards d'euros le coût d'une catastrophe !

Pourquoi la France ne favorise-t-elle pas plus les énergies renouvelables, alors ?

Le lobby nucléaire les sabote, j'en suis persuadée. A chaque fois qu'une filière devenait mature, on l'a flinguée. Cela a commencé avec l'éolien terrestre, puis le solaire. Maintenant on nous dit que la panacée universelle c'est l'éolien offshore. Je suis prête à prendre tous les paris qu'il sera lui aussi démoli. Le choix du «plus de nucléaire possible» au motif que ce n'est « pas cher », rend impossible le développement d'une industrie de l'efficacité énergétique et d'une industrie des énergies renouvelables. Avec plusieurs arguments : on n'en a pas besoin, cela défigure le paysage, on achète des panneaux solaires etc... Résultat, nous sommes toujours à 15% d'énergies renouvelables dans notre mix électrique, la majeure partie étant de l'hydroélectricité.

On a tout fait pour casser la filière solaire photovoltaïque. Il y avait pourtant un vrai engouement, des tas de petites PME s'étaient créés à cet effet. Dans les dix premiers groupes photovoltaïques, il n'y a que deux non asiatiques, une américaine et une allemande. On passe complètement à côté du grand marché capable de nous réindustrialiser pour les vingt ans qui viennent. Bien sûr on part avec du retard. Mais nous avons d'excellents ingénieurs.

Sortir du nucléaire coûterait les yeux de la tête, nous dit-on...

Il y a du vrai et du faux là-dedans. Ce qui est vrai, c'est que le kW/h, qui sort aujourd'hui d'une centrale totalement amortie, coûte entre 25 et 30 centimes d'euros. C'est très peu cher. Mais si c'est amorti, c'est parce que les français ont payé en amont (près de 150 milliards d'euros depuis 40 ans, sachant que nous continuons à payer pour la recherche-développement). Et si le prix est si modeste, c'est parce qu'on n'a pas compté la réalité du coût du nucléaire, c'est-à-dire les déchets et le démantèlement entre autres.

Pour les déchets à vie longue, l'enfouissement en couches profondes, à Bure, a été évalué à 15 milliards d'euros. Désormais, EDF chiffre cela plutôt à 35 milliards. Ce sera sans doute plus, 45 ou 50. Donc EDF parle plutôt d''enfouissement dans une mine de sel. A ceci près qu'on a l'exemple de l'Allemagne où cela s'est révélé être une catastrophe écologique.

Question démantèlement, si on fait une règle de trois à partir des estimations britanniques et suédoises, il coûterait entre 150 et 200 milliards d'euros pour nos 58 réacteurs. A un moment où on parle tant, et à juste titre, de dette publique, en voilà une dont personne ne parle ! C'est évidemment le contribuable qui paiera. Et ce n'est pas tout. Il va falloir investir énormément pour la sécurité des centrales. Et le coût du kw/h sorti d'un EPR, sans intégrer les déchets et le démantèlement, se situe entre 55 et 60 centimes, le double du prix des centrales amorties. On se rapproche de l'éolien qui tourne à 70 centimes. Deux industries se font face : le solaire et l'éolien dont le prix ne cesse de baisser et le nucléaire, dont le prix ne cesse de monter. L'ancien PDG d'EDF, Pierre Gadonneix, avait indiqué il y a déjà plusieurs années qu'il voulait augmenter de 30% le prix de l'électricité. Pas pour sortir du nucléaire, juste pour assurer les investissements qu'il avait à faire. Il ne faut pas nous raconter que c'est à cause de ce qu'il se passe maintenant que le prix de l'électricité va monter. La hausse de 30% est déjà programmée. Ce n'est pas plus que la hausse prévue en Allemagne suite à la sortie du nucléaire. Or elle, crée 370. 000 emplois, alors que chez nous, du fait des décisions du gouvernement en matière solaire, la filière va perdre 25.000 emplois. Qui en parle?

Une sortie du nucléaire à terme ne pénaliserait donc pas notre économie ?

Au contraire : la sortie du nucléaire, c'est un outil de redynamisation et de réindustrialisation de l'économie nationale. Et un outil de décentralisation. Il y a des régions complètement abandonnées mais où il existe par exemple beaucoup de bois, donc beaucoup de biomasse potentielle, avec toute une possibilité d'activité derrière. Par ailleurs, nous avons un vrai savoir-faire, pourquoi ne pas devenir leader du démantèlement des centrales ?

La première chose à faire, et là-dessus je rejoins Dany Cohn-Bendit, c'est de ne pas construire de nouvelles centrales. Ni Flamanville ni Penly, rien du tout. Ce qui veut dire qu'on a devant nous pour 25 ou 30 ans de nucléaire, à condition qu'on investisse beaucoup pour assurer la sécurité de nos centrales et qu'on ferme celles pour lesquelles on ne peut plus investir. Si on fermait les 19 réacteurs les plus vieux aujourd'hui, il nous manquerait 8% d'électricité, ce n'est pas injouable. Vous auriez un engouement et une vraie dynamique d'investissement pour compenser. La bonne nouvelle, c'est que la France est le premier gisement européen d'énergies renouvelables. Et comme on n'a pas fait grand chose en terme d'efficacité énergétique, nous disposons de marges de progrès à bas coûts considérables. Il faudrait travailler là-dessus, ne serait-ce que pour compenser la hausse inévitable de nos émissions de gaz à effets de serre pendant la période de transition.

Donc la sortie du nucléaire n'est pas qu'une question politique...

Non. C'est d'abord une question économique et industrielle. S'accrocher à tout prix au nucléaire est une erreur stratégique majeure. C'est peut-être ce qui me différencie des Verts. Mon approche n'est pas seulement de dire que le nucléaire est insupportable en soi par les risques qu'il fait courir. Pour notre économie, c'est une catastrophe programmée. Si la sortie du nucléaire n'était qu'une décision politique, dogmatique, expliquez-moi pourquoi des entreprises aussi importantes que l'Américain General Electric ou l'Allemand Siemens abandonnent cette filière, l'un pour investir massivement dans le solaire, l'autre dans l'éolien ? C'est bien au motif que le nucléaire n'est pas rentable.



Fwd: Fin du nucléaire allemand. Et la politique énergétique européenne ?- Infos - GNY / lepost.fr - SFEN VdL



 

Fin du nucléaire allemand. Et la politique énergétique européenne ?
Le Post (http://www.lepost.fr/article/2011/06/10/2519780_fin-du-nucleaire-allemand-et-la-politique-energetique-europeenne.html) 10/06/2011


« Plus que dix ans d'énergie nucléaire », annonce à sa une le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung le 30 mai, au lendemain des négociations entre partenaires de la coalition au pouvoir à Berlin.

Les conservateurs et libéraux se sont mis d'accord sur un arrêt des réacteurs allemands d'ici à 2022. La plupart stopperont leur activité avant 2021 et les plus récents pourront fonctionner encore un an. Les sept réacteurs les plus anciens, mis à l'arrêt temporairement en mars pour répondre à l'inquiétude due à Fukushima, ne seront pas remis en marche.

Neuf mois après l'annonce de la prolongation de la vie de ses dix-sept centrales, la volte-face de la coalition menée par Angela Merkel correspond quasiment à un retour au calendrier fixé au début des années 2000 par la coalition sociaux-démocrates/Verts alors au pouvoir.

Cette décision unilatérale et inattendue de l'Allemagne de se priver de ce qui représente aujourd'hui 22% de son énergie électrique inquiète ses voisins. Mais que reste-t-il de la politique énergétique européenne ?

A Munich, le journal tente de devancer les critiques sur l'unilatéralisme de la décision et sa dangerosité pour l'industrie allemande et européenne :
« Il est temps de comprendre la fin du nucléaire comme une chance, et non pas uniquement comme une privation, comme un poison pour l'industrie, ou comme un bizarre cavalier seul en plein milieu d'une économie internationale propulsée par le nucléaire. La sortie [du nucléaire] offre d'énormes chances si elle est comprise comme une reconversion, comme une entrée dans l'ère solaire potentiellement gratifiante sur le plan économique. Si on aborde la chose correctement, l'Allemagne sera l'avant-garde d'un tournant que chaque nation de la terre devra effectuer à cause des limites de la planète. Un tournant qui en finit non seulement avec les centrales en Allemagne, mais avec les énergies fossiles tout simplement. » La décision allemande ne serait pas qu'une réaction à Fukushima mais un choix stratégique industriel amorcé dans les années 1990. Le pays abandonne le nucléaire pour mieux se concentrer sur son avantage dans les technologies vertes et les énergies renouvelables, notamment dans le solaire et
l'éolien.



Ce débat sur le nucléaire affecte différemment les pays selon l'importance du nucléaire dans leur
mix énergétique et leur industrie mais la majorité des européens sont concernés. En effet, la plupart des pays de l'UE exploitent des centrales nucléaires : la France, avec ses 19 centrales, ses 58 réacteurs et ses leaders mondiaux de l'énergie, est le pays le plus nucléarisé mais elle n'est pas seule. Actuellement, le Royaume-Uni exploite 9 centrales et 19 réacteurs, l'Allemagne respectivement 12 et 17, la Suède 7 et 16, l'Espagne 6 et 9, la Belgique 2 et 7, la République Tchèque 6 et, la Finlande, la Hongrie, la Bulgarie, la Grèce, la Lituanie, les Pays-Bas, la Roumanie, la Slovaquie, et la Slovénie ont entre 1 et 4 réacteurs.

Face aux difficultés rencontrées dans les centrales nucléaires nippones après le séisme, plusieurs pays européens s'interrogent. En Europe, la décision allemande est pour le moment la plus spectaculaire mais elle risque ne pas rester longtemps exceptionnelle. La Suisse, non membre de l'UE, a suspendu ses projets de renouvellement de centrales nucléaires, en l'attente d'éventuelles « normes plus strictes ». Aux Etats-Unis, où aucune centrale nucléaire n'a été construite depuis l'accident de Three Miles Island, le nucléaire souffre de problèmes liés à la gestion des responsabilités et à l'augmentation des coûts d'assurance.

En France, le ministre de l'énergie, Eric Besson, réaffirme dan
s Libération la place prépondérante du nucléaire pour répondre aux défis énergétiques et climatiques à l'échelle mondiale
. « Notre monde ne pourra pas se passer du nucléaire au XXIe siècle. » Il rappelle surtout son importance pour l'industrie à l'échelle nationale : « En France, les activités de maintenance et de renouvellement de nos 58 réacteurs représentent dans les prochaines années plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires pour Areva, Alstom et l'ensemble de la filière industrielle. [...] Les deux principaux marchés à l'exportation, la Chine et l'Inde, représentent des débouchés majeurs. [...] Notre filière nucléaire est un atout industriel majeur pour la France. »

Le ministre, en soulignant l'importance du nucléaire pour le rayonnement de la France dans l'industrie énergétique mondiale, rejoint les déclarations du président d'EDF, Henri Proglio,
au Monde à l'occasion du dévoilement des orientations stratégiques devant l'assemblée générale du groupe, réunie mardi 24 mai : « En 2020, EDF doit être le premier électricien mondial, capable d'aller chercher la croissance où elle se trouve. Par croissance organique, nous visons 200 gigawatts (GW) de capacités (contre environ 150 actuellement) : 50 % dans le nucléaire, 25 % dans le thermique (gaz, charbon), 25 % dans l'hydraulique et les autres énergies renouvelables »

Alors ? Cette décision unilatérale peut-elle relancer la conscience de la nécessité d'une politique européenne, ou bien, au moins, d'une « coopération structurée permanente » comme c'est le cas pour la production d'armement ? Ou les intérêts nationaux, politiques et surtout industriels, sont-ils trop importants pour que le dialogue reprenne ?

Tout d'abord, il faut souligner que cette décision sans aucune concertation avec les autres Etats membres de l'Union européenne est un droit garanti par le traité de Lisbonne puisque celui-ci affirme que les mesures prises par l'UE « n'affectent pas le droit d'un Etat membre de déterminer [...] son choix entre différentes sources d'énergie » (article 194). D'ailleurs, la France en a fait de même lorsqu'elle n'a pas demandé l'avis de ses partenaires européens avant d'entamer la construction du réacteur nucléaire de Flamanville.

Ensuite, les Européens sont, par essence, voisins et comme Tchernobyl l'a souligné, tous les pays du continent partagent les risques nucléaires. Une politique commune de sûreté est donc indispensable comme l'a rappelé, au lendemain de la catastrophe japonaise, le ministre autrichien de l'Environnement Nikolaus Berlakovitch, dont le pays refuse l'énergie de l'atome. Il a réclamé à Bruxelles des vérifications sur toutes les centrales européennes. « Nos voisins misent tous sur l'énergie nucléaire « , a-t-il déploré, « nous, nous réclamons la sécurité maximale pour la population autrichienne et tous nos voisins doivent pouvoir la garantir à leurs propres populations. » L'Autriche, qui a rejeté le nucléaire en 1978, « veut des tests de résistance pour les centrales nucléaires en Europe et cela doit avoir lieu rapidement », a-t-il réclamé. Ces « stress test » sur les 143 réacteurs nucléaires de l'Union ont débuté le 1er Juin 2011 selon des critères définis à l'échelle européenne.

De plus, si les Etats membres sont libres de déterminer leur mix énergétique, ils s'engagent mutuellement à réduire leurs émissions de CO2 pour respecter les orientations de l'Union européenne et le protocole de Kyoto : une diminution de leurs émissions de 20 % d'ici à 2020 et, au-delà, une division par quatre ou cinq d'ici à 2050.



Enfin, même si l'Allemagne décide de se passer de ses partenaires pour décider de sa stratégie énergétique, elle aura besoin de ses voisins pour réaliser avec succès ce tournant. Et c'est là qu'intervient le 3e sujet de coopération : les échanges transfrontaliers. La patronne du Medef souligne que l'Allemagne pourrait jouer le
« passager clandestin », en stoppant ses centrales mais en continuant à importer de l'électricité provenant des centrales des pays voisins. En effet, d'ici à se passer de nucléaire en 2022 en augmentant drastiquement son recours aux énergies renouvelables et aux centrales à charbon et à gaz, le pays ne peut traverser la décennie sans recourir aux importations afin d'équilibrer son réseau. C'est déjà le cas depuis la fermeture des sept premières centrales en Mars. En 2010,
d'après les chiffres de Réseau de transport d'électricité (RTE), la France a exporté 9,4 térawattheures (TWh) en Allemagne, tandis que l'Allemagne exportait 16,1 TWh vers la France. Mais les chiffres se sont inversés depuis le début de l'année : en Avril 2011, le solde exportateur français était de 509 MWh. Et avec l'augmentation de l'usage des EnR en Allemagne, par nature plus aléatoire, les échanges entre les pays aux mix énergétiques différents ne vont surement pas diminuer, comme c'est le cas actuellement entre le Danemark éolien et la Suède hydraulique.

C'est là où la problématique du prix devient incontournable. Avec les installations d'appoint nécessaires pour les périodes sans vent ou sans soleil et avec des réseaux électriques suffisamment renforcés, le coût de l'électricité renouvelable pourrait atteindre selon certains experts de 100 à 400 euros le mégawattheure (MWh). Bien plus que les actuels 40 à 50 euros/MWh que coûte l'électricité nucléaire. Même si le prix du nucléaire français est renchéri par la maintenance renforcée par le prolongement du parc, l'intégration de nouvelles normes de sûreté et le démantèlement des centrales les plus anciennes, l'électricité pourra couter bien plus cher dans les pays non nucléarisé. Le renversement des courbes ne pourra arriver qu'avec la baisse du prix des énergies renouvelables du fait des économies d'échelle et d'une plus grande efficacité n'interviendra surement pas dans la prochaine décennie.

Cette montée des prix aura surement des conséquences sur la facture des ménages et des entreprises même si le plan allemand prévoit un important volet sur les économies d'énergie pour compenser cette augmentation unitaire.  Elle aura également des conséquences sur l'unification du marché de l'énergie européen. Sur un marché où les échanges seraient libres et concurrentiels, le prix serait déterminé par les coûts de production les plus élevés. La stratégie allemande aurait donc de forte conséquence pour l'économie française (à supposer que le gouvernement français libéralise totalement les tarifs) ! Or, pourquoi donc le marché de l'énergie devrait-il être unifié si, pour des raisons politiques, les coûts de production sont très différents ? Autrement dit, pourquoi unifier l'économie si l'on unifie pas la politique et les stratégies industrielles ?
La décision allemande nous contraint donc à repousser la vision d'un marché unique de l'énergie (c'est à dire aux prix convergents), pour privilégier d'autres formes de coopérations très pragmatiques. L'Union européenne va devoir trouver les bonnes modalités de collaboration sur les sujets énergétiques comme la sûreté nucléaire, le renforcement et la modernisation des réseaux, la sécurité d'approvisionnement, la recherche et le développement de nouvelles technologies et la coopération avec les pays tiers, avec des projets comme Desertec par exemple.

La coopération politique sur l'énergie n'est d'ailleurs pas abandonnée. Eric Besson a demandé lundi, que l'ensemble des ministres européens chargés de cette question se prononce lors d'une réunion de concertation
« pour essayer d'évoquer les conséquences des décisions nationales que chacun d'entre nous peut être amené à prendre ». Auparavant, son homologue belge, Paul Magnette, allait déjà dans le sens d'une concertation européenne. Tout en déclarant regretter« une décision complètement unilatérale, sans aucun débat européen ni information des partenaires »…

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