mercredi 18 mai 2011

Fwd: Eva Joly: «Je serai la candidate de la sortie du nucléaire»- Infos - GNY / liberation.fr - SFEN VdL


Objet : Eva Joly: «Je serai la candidate de la sortie du nucléaire»- Infos - GNY / liberation.fr - SFEN VdL

Eva Joly: «Je serai la candidate de la sortie du nucléaire»

10/05/2011 à 19h41 Par EVA JOLY députée européenne Europe Ecologie
http://www.liberation.fr/politiques/01012336611-eva-joly-je-serai-la-candida
te-de-la-sortie-du-nucleaire

«A un an de la présidentielle, la défaite de Nicolas Sarkozy est loin
d'être acquise. Une des conditions permettant de l'emporter est celle de la
clarté et du courage. Les écologistes et la gauche ne peuvent l'emporter sur
un malentendu ou pire sur une ambiguïté. Nous devons dire clairement quelle
politique sera menée. Sinon, comment entrainer l'adhésion populaire sans
laquelle rien n'est possible ? La victoire dépend moins de savantes
combinaisons entre appareils que de la dynamique politique et sociale portée
par une alliance nouvelle.
«C'est une vague citoyenne qui doit se lever pour porter dans le même
mouvement l'alternance gouvernementale et l'alternative politique.
J'essayerai donc de susciter la mobilisation des citoyens, à partir de
mesures précises que je présenterais aux français et que je livrerais au
débat commun des forces de transformation sociale.

«En premier lieu, je serai, dans la campagne qui vient, la candidate de la
sortie du nucléaire. Sans faillir et sans hésitation. Il ne s'agit pas d'une
posture politicienne, mais d'un impératif politique majeur. Chacun comprend
bien que la question énergétique sera un élément déterminant du quinquennat
à venir, placé sous une triple contrainte : la lutte contre le réchauffement
climatique, l'augmentation du coût de l'énergie, la prévention des risques
nucléaires.
«Face à ces problèmes, la réponse de la droite est connue : on continue sans
rien changer. Ainsi malgré son bilan désastreux en matière de lutte contre
le réchauffement climatique, l'actuel président aura toutes les audaces. Il
utilisera l'approximation et l'intimidation pour masquer la réalité des
enjeux.

«A l'inverse, de cette attitude démagogique, les écologistes feront en sorte
de traiter cette question avec la gravité e le sérieux qu'elle mérite. Pour
cette raison, nous ne nous contenterons pas de "prises de guerre" concédées
par le "grand frère socialiste" entre les deux tours, c'est-à-dire de la
fermeture de quelques réacteurs et de propositions à court terme. Un accord
mal justifié permettrait à la droite de pointer les contradictions pendant
la campagne électorale.
«Pire, en cas de victoire, un tel accord serait immanquablement source de
conflits à venir au sein de la future majorité. Je tiens donc très fermement
à mettre en garde contre un accord "politicien" sur le nucléaire, qui ne
serait pas adossé à une démonstration largement validée par les citoyens.
Que vaudrait un accord a minima arraché entre les deux tours de la
présidentielle sur un sujet qui engage l'avenir énergétique du pays ? Ce
qu'il nous faut faire, c'est rechercher un accord de fond avec une mise en
œuvre précise pour le quinquennat. Confrontons nos scénarios.

Etablissons nos solutions.
«La question de fond est de savoir quelle politique énergétique mènerait une
nouvelle majorité favorable à la sortie du nucléaire.
«Dans la première année du quinquennat, il faut un grand débat national de
prospective sur l'énergie. Pour prendre en compte les enjeux et déterminer
un cap. On y abordera la question de l'épuisement des combustibles fossiles,
l'augmentation du coût des l'énergies, la sortie du nucléaire. Ce débat aura
lieu au Parlement, et dans tout le pays, pour permettre la pédagogie du
changement qui seule favorise les grandes réformes.
«Il faut ensuite engager une nouvelle politique énergétique basée sur le
développement massif des énergies renouvelables, un programme résolu
d'économies d'énergie, une mutation forte en matière de transports. Ceci
nécessite une loi cadre, de nouvelles réglementations, le renforcement des
structures nationales et territoriales, et le déblocage de crédit
budgétaires, voire la réalisation d'un grand emprunt.
«C'est dans ce cadre que la sortie effective du nucléaire sera enclenchée.
Elle devra se faire dans la transparence, au Parlement ou par référendum.

«En premier lieu, il faut un calendrier de déclassement progressif des
réacteurs nucléaires en fonction d'un audit indépendant et contradictoire de
sureté et réhabiliter les réacteurs du parc actuel pour tenir compte des
nouvelles exigences post-Fukushima. il faudra stopper les chantiers des deux
réacteurs nucléaires de Flamanville et de Penly. Et également s'atteler
résolument à la question des déchets nucléaires.
«Le temps d'un quinquennat, nous devrons amorcer la sortie du nucléaire et
engager la transition énergétique. Disons le nettement : il ne s'agit pas de
sortir du "tout-nucléaire", expression imprécise et ambiguë, mais bien de
sortir du nucléaire. Et pour être à l'heure au rendez-vous de l'histoire, la
gauche et les écologistes ont l'obligation de présenter au pays un agenda
précis.

«La sortie du nucléaire est possible.

Elle ne se fera pas sans une politique ambitieuse qui conjugue crédibilité
économique, efficacité énergétique et transparence démocratique. Pour
réussir, la méthode de contractualisation entre futurs partenaires est
essentielle. Comme est indispensable l'existence d'un groupe écologiste fort
et autonome au Parlement. En effet, la politique est affaire de rapport de
forces. Les citoyens désireux de changement doivent donc nous renforcer,
nous porter, bref nous utiliser pour changer la donne.
«Il nous faut mener bataille ensemble pour convaincre ceux des nôtres qui
sont encore réticents. C'est-à-dire répondre aux interrogations légitimes
d'une population endoctrinée par des années de discours pro nucléaire et
affronter la droite conservatrice et ses solutions rétrogrades. Que chacun
en soit convaincu, le changement est en marche, inéluctable.
«En ces temps d'anniversaire du 10 mai 81, souvenons nous de l'une des
leçons de cette victoire : là où il existe une volonté, il existe un chemin.
La mobilisation avait arraché à François Mitterrand la décision d'abandonner
le projet d'implantation de centrale à Plogoff.

«La volonté des écologistes existe, portée par des années de lutte des
militants associatifs et politiques confondus, qui, pied à pied ont bataillé
depuis des années contre les lobbies et les conservatismes. J'incarnerai
cette volonté tout au long de ma campagne. Mais ma responsabilité est aussi
de faire en sorte que nous ne soyons pas seuls à partager cette volonté.
«Le présent texte est donc une adresse à tous ceux qui veulent forger le
changement par leur implication, qu'ils soient des militants antinucléaires
de toujours ou des convaincus plus récents.
«Il n'est jamais trop tard pour réaliser l'unité. L'appel vaut pour les
citoyens de toutes conditions et de toute obédiences. Il vaut également pour
les forces organisées, associatives, ou syndicales. Il s'adresse enfin aux
formations politiques qui se réclament de la transformation sociale, et en
premier lieu au parti socialiste qui occupe une place particulière puisqu'il
est aujourd'hui la première force électorale de l'opposition.